Vous participez à un spectacle d’improvisation, vous êtes en coulisse, une impro se joue scène. Vous aimeriez entrer dans cette improvisation pour produire un effet comique, la débloquer, apporter un élément de décors ou de construction. En général, la plupart des entrées se font au petit bonheur la chance. Disons que plus les joueurs acquièrent d’expérience, plus ils sauront faire des entrées adaptées…Et encore…On va dire que l’évaluation de la qualité d’une entrée est soumise à la subjectivité de chaque joueur.

Cependant, il est souvent utile de se poser deux questions:

– Lorsque j’entre, dois je faire en sorte d’attirer l’attention du public sur moi? C’est à dire prendre ou non le focus?
– Quel est l’axe de direction de l’improvisation? Quel est son objectif? Quel élément je peux apporter pour rester dans cet axe.

Pour pouvoir répondre à ces deux questions, il faut avoir quelques notions sur la construction d’une improvisation.
Je vais m’attarder ici sur l’impro « storytelling », improvisation qui a vocation de raconter une histoire. Ce genre d’improvisation obéissent généralement au schéma suivant:

La plateforme c’est la zone stable qui précède le chaos. Pas d’originalité dans cette partie. C’est la mise en place de la situation sur laquelle va se bâtir l’action. Amusez vous pour prendre le temps d’être spécifique sur les personnages, les relations, l’environnement.
Laissez surgir du néant les réponses aux questions suivantes:
– Qui sont les protagonistes ?
– Quelles sont leur relations ?
– Où sont-ils ?
– Qui est le personnage principal ?
– Quel est l’objectif ?

Prenez votre temps, ne cherchez pas à être efficace sur cette partie.

La rupture est le point de départ de l’action. Elle doit exploiter les éléments mis en place dans la plateforme.

Les obstacles ont pour fonction d’élever l’enjeu, et de propulser le personnage principal au statut de héros. Cela peut se faire par l’intervention de personnages secondaires (complices du héros, méchants, etc….) qui va approfondir l’histoire (en la poussant vers son objectif), sans rajouter une tonne d’informations qui pourraient détourner l’histoire de son axe. Toute entrée doit se faire dans le but de pousser l’histoire en avant, non de la dévier de son objectif !
La série d’obstacles doit durer juste assez pour élever l’enjeu de l’objectif et avant de ne devenir lassante.

L’Objectif:
Cet objectif doit être atteint !!!
Et pourtant, très souvent, on a du mal à faire ce pas, bien souvent on tombe dans une série de négociations car le méchant ne veut pas perdre ou le héros est trop poli pour oser gagner ! Ceci retarde la fin de l’histoire : le public pense que ça y est, le héros a gagné, et non…Les joueurs négocient encore !
Il faut donc :
-Atteindre cet objectif sans négocier !
-Que le héros savoure son succès !
-Quelqu’un doit avoir changé à la fin de l’histoire.

Et au niveau des entrées, que faire?
Alors là, il faut être clair sur votre choix:

Si vous voulez entrer pour apporter un élément de décors, un figurant, bref, si vous souhaitez agrémenter la plateforme, alors veillez à ce que votre entrée ne déplace pas le focus. Le regard du public doit rester sur l’action principale. Vous ne faites qu’ajouter des éléments pour enrichir l’environnement. Il est donc généralement préférable que ces entrées se fassent soit en fond de scène, soit en réserve (pour des interventions sonores).

Si vous voulez entrer pour apporter un élément au déroulement de l’intrigue, là vous devrez prendre le focus un temps. Cependant, cet élément doit rester dans l’axe de l’objectif de l’improvisation. Si dans les premiers moments de l’improvisation où la plateforme s’est mise en place, un chevalier doit partir à la conquête du GRAAL en terre sainte, les éléments de l’intrigue devront soit pousser l’intrigue en avant vers l’objectif , soit être des obstacles qui empêchent d’atteindre l’objectif (juste assez pour élever l’enjeu), mais en aucun cas dévier la course de l’impro vers un nouvel objectif.
Or c’est ce que l’on fait très souvent dans nos premières années d’improvisateur: on se figure que si l’impro cale, il faut changer d’idée, apporter une nouvelle idée…Et c’est faux la plupart du temps. Il suffit de garder l’objectif qui est né dans la plateforme (il peut-être très simple) et d’élever l’enjeu.

Gardez l’impro dans son axe, gardez l’objectif en ligne de mire, s’il le faut élevez l’enjeu mais restez dans l’axe!