Il fut une époque ou la pratique du baiser sur scène ne me dérangeait pas. Je faisais la chose avec légèreté sans demander à ma ou mon partenaire s’il était à l’aise avec ça .
Et puis quand l’Art avec un grand « A » l’exige et que la scène la réclame, alors on doit s’incliner et s’y adonner.
C’était ainsi que je voyais les choses.
Mais en débattant avec les uns et les autres, on se rend bien compte que la légitimité d’un baiser lors d’une scène est soumise à la subjectivité de chacun.
Ainsi la question de la légitimité est pour moi sans fondement.
La véritable question qui se pose est « Est ce que les comédien.ne.s en jeu sont à l’aise avec le fait d’embrasser ou d’être embrassé.e ? »
Ré-envisageant la chose pour les autres, j’ai remis la question au centre pour moi-même. Et aujourd’hui, j’ose dire, que je ne suis plus à l’aise avec ça.
Difficile à assumer, difficile de se lancer et d’oser l’afficher. Mais après l’étonnement, les improvisateurs et improvisatrices auxquel.le.s je l’ai dit, m’ont tous accueilli avec beaucoup de bienveillance. Et mieux encore, quelques uns d’entre eux m’ont avoué ressentir la même chose.
Est ce que ceci dégrade le niveau d’interprétation ? J’avance l’idée que non. La créativité se sublime face aux contraintes. Et si les limites de notre zone de confort, le rapport à notre intimité constituent une contrainte, quelle jolie contrainte !
Ainsi, si vous n’êtes pas à l’aise avec cette pratique, osez le dire simplement, ce sera bien reçu. Vous n’êtes pas la moitié d’un.e artiste en posant vos limites. En le disant, vous rendrez service à d’autres, et contribuerez à l’instauration d’une atmosphère de confiance et de respect. Et c’est cette confiance et ce respect qui élèvent la qualité de nos pratiques artistiques .